Sans doute vous êtes vous demandé, comment des personnes avaient obtenu votre adresse e-mail et vous harcelaient presque, avec des messages de tout ordre, n'ayant pour seule finalité que réussir à vous soutirer de l'argent.
Que ce soit une veuve africaine dont le mari millionnaire vient de décéder et vous demandant d'être l'intermédiaire dans une transaction visant à pouvoir récupérer sa fortune avec votre participation, moyennant une avance sur investissement de votre part.
Ou bien encore des anonymes se faisant passer pour un commissaire de police et enquêteur à Abidjan ayant reçu des plaintes vous concernant pour des actes immoraux, vous menaçant photo ou extrait vidéo à l'appui (et oui nos photos/vidéos, si l'ont n'y prend garde, finissent souvent un peu n'importe où sur le net, même si personnellement je trouve ça amusant et excitant) de les divulguer en place publique, à vos amis, même dans les journaux (re-miammm, dommage que ce n'est jamais arrivé, snif et vous proposant pour éviter ces actions une transaction financière.
Jusqu'à carrément et c'est arrivé plusieurs fois à mon mari, recevoir un message d'un "hackeur" professionnel ayant réussi à infiltrer son ordinateur et y ayant découvert des images à caractère pédophile, rien que ça. Et là aussi de tout divulguer, blablabla... !
Bon, je vous rassure tout de suite, bien que nous aimions également les jeunes, il est des limites dont celle-là que nous n'imaginons même pas franchir en rêve
Cependant, avant que nous n’utilisions des adresses mail de substitution et maintenant un VPN (hé oui, aussi bien moi que mon mari nous sommes des quiches en informatique, surtout lui j'ai donc fait appel à un technicien conseillé par mon fournisseur internet à qui j'avais posé la question de savoir le pourquoi du comment de l'origine de ces messages et de leur connaissance de nos adresses e-mail privées.
Je ne vous cacherais pas que l'opérateur de mon fournisseur internet à qui j'avais téléphoné, voyant qu'il parlait à un mur de par ses explications plus qu’obscures pour moi, voire ésotériques sûrement à bout d'argument me permettant de comprendre facilement que qui pour moi ne l'était pas, sans doute au bord de la crise de nerf, il préféra refiler la patate chaude à un collègue plus à même de me répondre, lui-même à court de ces mêmes arguments, me proposant le passage d'un technicien à choisir dans une liste. Le pauvre.
Qui soit !
Arrive le jour où le technicien arrive.
Un homme d'une trentaine d'années, pas folichon, un peu bedonnant et surtout l'air terriblement blasé.
Il commence tout de suite à me submerger de son jargon de technicien et là je lui dis:
"STOP, s'il vous plaît, je vous en prie, faites ce que vous avez à faire et trouvez-moi une solution."
Il me regarda brièvement comme un bon gros toutou regarde lassé, sa gamelle remplie de sa sempiternelle et toujours identique pâtée insipide.
Il testa la ligne... Rien.
Puis il me dit qu'il devait utiliser nos ordinateurs et tout ce qui était susceptible d'être raccordé en wifi.
En wifi ? Bin voyons...
Voyant mon air dépité il précisa:
"... oui vos smartphones, vos tablettes si vous en avez... est-ce que vous avez des appareils connectés ? Alexa, google home ?..."
Imaginez ma tête !
Je lui ai alors énuméré tous les appareils que je pensais susceptibles d’être connecté à son fichu wifi en ajoutant qu’il n’avait qu’à faire un tour dans la maison pour voir si je n’avais rien oublié.
Puis il éclata de rire me regardant cette fois bien autrement, l’œil presque pétillant si tant est que cela lui était possible vu son regard sur moi depuis le début qui ne semblait pas l’émouvoir outre mesure. Là il me regardait de la tête aux pieds comme s’il venait de voir une apparition et lâchant un :
« …(rires)… non madame je n’ai pas d’appareil comme dans les films pour détecter tous les appareils connectés...(rires)... »
Je me rendais compte que je venais de me faire passer pour une idiote, croyant que des « spécialistes » comme lui devait bien avoir ce genre d’appareil que l’on voit parfois dans des films ou des séries.
Je lui ai donc montré ou se trouvait l’ordinateur de la maison, apporté mon ordinateur portable, celui de mon mari, dit qu’il y en avait encore une autre dans la chambre notre fils, rassemblé trois tablettes et donné mon smartphone en ajoutant que mon mari étant absent et mon fils à l’école, les leurs et bin… ils les avaient sur eux. Je le laissai avec tous ces bidules électroniques, lui demandant de me prévenir s’il trouvait quelque chose, que je restais à la maison mais que j’allais pas rester plantée là, derrière son dos en attendant… au final je ne savais même pas quoi.
Au bout d’un moment qui me sembla avoir été une éternité, le petit gros agaçant, comme je l’avais mentalement surnommé, m’appela.
Il avait vraiment un tout autre air et me dévisageant de nouveau avec insistance et m’occultant longuement de la tête aux pieds avec cette fois un sourire béat comme s’il s’apprêtait à sortir la blague du siècle, me dit avec un sourire en coin :
« Voilà ma p’tite dame, c’est réglé, j’ai fait le tour et tout est.. mmmh OK ! Et pour être OK c’est mmmh ouiii, OK ! Alors voilà pour faire simple, comprenant bien que l’informatique c’est pas votre tasse de thé, j’ai tout bien regardé et pour avoir regardé je peux vous assurer que j’y ai passé du temps (il me fit un clin d’œil genre complice) et je vous ai installé un VPN pour en partie vous protéger de l’internet et activé vos anti… »
Il fit une pause voyant que j’avais déjà décroché rien qu’à l’entendre prononcer VPN avant de continuer par :
« Bref vous êtes protégée maintenant, mais éviter de laisser traîner vous adresses e-mail n’importe où sur la toile… Si ça arrive encore, tenez, ma carte, je me ferais un réel plaisir de venir vous voir, heu enfin je voulais dire si vous avez encore des problèmes d’ordi... »
Il me tendit sa carte avec ses coordonnées et comme tout crétin qui se respecte crut « marrant » de faire semblant de me la donner en deux fois, la retirant au moment où je l’attrape puis me la donnant avec de nouveau un clin d’œil cette fois dérangeant presque obscène.
Tout en me donnant la dite carte il fit mine de regarder ailleurs et faisant semblant de s’éclaircir la voix avec un long « Hum hum ! » il y ajouta un « tu m’appelles quand tu veux… ma chérie ! « prononcé de façon presque imperceptible, comme un murmure au point que je me demandais s’il l’avait bien dit ou si j’avais bien compris, avant de conclure :
« Ah, (rire coquin) où avais-je la tête… vos messages bizarroïdes là… bah c’est parce que vous vous faites brouter régulièrement… par des brouteurs quoi… ! »
Mais qu’est-ce que c’était que ce type sérieux !
Déjà qu’il m’avait appelé sa p’tite dame, puis ma chérie que j’avais cru entendre, voilà que maintenant il parlait de mon petit minou ?
Et ça le regarde si j’adore me le faire brouter mon minou ?
Non mais lui alors, comme dragueur on a vu mieux !
Voyant mon air furieux et excédé par ses propos il ajouta tout de même :
« Rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule à qui ça arrive… y en a partout des gens qui ne pense qu’à vous brouter… je dis pas que c’est de votre faute, mais bon, à partir du moment où vous vous faite brouter une fois, ça se dit et ça se sait et là, bin j’vous apprends rien, ils sont des dizaines à venir vous brouter et ils aiment insister les bougres… en plus, une belle femme comme vous, (rires devenant presque vicieux) ça doit y aller le broutage pas vrai… Ha ha ha… !
Mais c’est qui ce connard ?
Un frustré ? Un ancien participant ou voyeur d’une de nos exhibes où moi et mon mari nous nous laissons offrir à qui le veut ? Un ami d’amant ? Il y avait tellement de possibilité pour que ce lourdaud soit au courant et s’il avait participé, semblant au fait de la chose, pourquoi je ne me souvenais pas de lui ? Bon il est vrai que des fois il y en a tellement et que certains, surtout durant les exhibes s’invitent en restant à visage couvert… mais quand même !
J’allais presque le gifler quand il conclut :
« Quoi vous ne savez pas ce qu’est un brouteur ? (rires) Souvent des jeunes et tout aussi souvent des africains. Ils passent leur temps sur les site de rencontre pour rechercher des adresses e-amil et ensuite vous faire chanter. Y en a pour qui c’est un vrai métier là-bas vous savez ma p’tite dame. C’est pas vraiment des hackers mais des harceleurs qui vous menacent contre de l’argent. Et vous savez quoi ? Y en a qui paient… C’est ça se faire brouter… Pourquoi vous riez ? C’est sérieux !... »
Son air tout à coup étonné me fit presque pouffer de rire.
J’avais ce même petit air gêné que sur une de nos photos.
Riant intérieurement de ma méprise et de mon incommensurable ignorance en la matière.
Même si je sus par après que c’était bien à ça qu’il pensait, en insistant lourdement sur le fait que je me faisais brouter le minou régulièrement, sur le moment je n’imaginais pas autre chose dans la tête de mon petit gros agaçant, que des types écrivant des messages de menaces quand il parlait de brouteur, alors que dans la mienne vous l’avez compris, il s’agissait de tout autre chose...
Comme quoi le sens de certains mots n’est pas le même pour tout le monde
J’arrête là cette petite mais déjà longue anecdote qui m’est réellement arrivé et, si d’aventure elle vous a plu, je pourrais la détailler, car vous vous en doutez bien, en utilisant nos ordinateurs et autres aussi longtemps et sans ma surveillance… Ah ah qui sait ce que ce petit gros agaçant a bien pu y découvrir...