Il est 22h30. Pour l’instant, il n’y a que quelques couples, tous âgés de plus de trente ans, dans ce club échangiste parisien, dont on nous a dit qu’il accueillait pas mal de jeunes couples. C’est la rumeur qui enfle : les clubs libertins, autrefois réservés à la tranche d’âge des « seniors » du sexe libre, sont de plus en plus fréquentés par la jeunesse.
Histoire d’en avoir le cœur net, nous sommes partis à la rencontre de ces jeunes échangistes qui fréquentent des lieux jusqu’ici réservés à leurs aînés. Il est maintenant 23h30 et, effectivement, les couples qui arrivent au fur et à mesure de la soirée semblent, pour beaucoup, avoir moins de 25 ans.
Les motivations des jeunes libertins et liebrtinesInutile de vous dire que ce n’est pas chose aisée, dans un club échangiste, que d’aborder un couple pour autre chose que pour du sexe. Comme souvent, c’est Esther qui s’y colle. Elle accoste un jeune et beau couple, une jolie brunette largement dévêtue, et un grand gars roux au sourire enjôleur.
Ils ont respectivement 21 et 23 ans. Ils sont ensemble depuis trois ans et fréquentent le milieu libertin depuis quelques mois : « on est venu la première fois avec un couple d’amis. Ils nous ont dit qu’ils étaient mélangistes, ils nous ont expliqué ce que c’était, et nous avons voulu tenter l’expérience ».
Leurs amis, d’ailleurs, sont là : à peu près les mêmes âges, ils sont libertins depuis leur rencontre : « on s’est rencontré chez des amis, lors d’une soirée qui a vite tourné aux jeux coquins. puis on s’est revus, on s’est mis ensemble, mais sans se promettre la fidélité : c’est con comme idée ! ». Natacha est brute de décoffrage. C’est une jolie grande blonde qui ne lâche pas d’une semelle son mec, André, un grand black sculptural.
On s’apprête à laisser nos quatre jeunes coquins quand ils nous proposent d’aller avec eux vers les coins-câlins : on a beau être trentenaires, l’idée de faire quelques galipettes avec des vieillards dans notre genre ne semble pas les déranger une seconde. On s’éclipse donc une petite heure, le reportage attendra.
Jeunes couples et mélangismeDonc, après avoir donné de nos personnes pour le bien de notre enquête (!), nous retournons vers la piste de danse. Nous discutons encore avec plusieurs couples, tous de moins de vingt-cinq ans. Les points communs ? Tous sont mélangistes : ils ne recherchent que des relations entre couples (ceci dit, nous sommes à une soirée couples) et privilégient les rapports ludiques et sensuels.
Pour le reste, nous avons rencontré autant de cas différents que de jeunes couples libertins. Les uns étaient ensemble un certain temps, les autres depuis quelques mois. Certains étaient libertins depuis le début de leur relation, certains fixaient des limites d’âge à leur recherche de couples, d’autres non…
Un couple coquin rencontré ce soir a résumé les choses : « il n’y a pas de jeunes couples libertins. Il y a des couples libertins qui sont jeunes. C’est très différent. Nous, on s’en fout de l’âge des uns et des autres. Le feeling passe, ou pas ».
Les jeunes libertins et les autres couplesPuis, nous discutons un temps avec un couple de la quarantaine. C’est leur première sortie dans ce club, mais pas du tout leur première sortie en club. Ils nous disent être mal à l’aise avec l’ambiance du lieu, et la présence trop prégnante de ceux qu’ils appellent les jeunots : « moi, à leur âge, je rêvais du grand amour, pas de m’envoyer en l’air à plusieurs ! ». La remarque nous interpelle : nombreux sont les jeunes libertines et libertins qui nous ont fait part d’un certain ostracisme de la part de leurs aînés.
Et c’est vrai qu’on peut s’interroger. Vingt ans, vingt-cinq ans, est-ce bien l’âge pour un jeune couple pour se risquer au cœur du milieu libertin ? L’expérience sexuelle est-elle déjà suffisamment grande pour ne pas profiter des choses de la vie à son rythme, sans se presser ? Et puis, on se remémore cet âge là. Bien sûr, on n’allait pas en club échangiste. Mais les soirées entre potes pouvaient vite tourner à la débauche… Rien que de très normal quand on a vingt piges et qu’on veut mordre la vie à pleines dents.
Sans compter que les jeunes couples libertins que nous avons croisés durant la soirée nous ont tous paru au moins aussi équilibrés que leurs ainés. Ils savaient ce qu’ils voulaient, ce qu’ils ne voulaient pas. Ni plus, ni moins, que des couples échangistes de 30, 40 ou 50 ans.
Et si, finalement, la sortie en club libertin n’était qu’une version moderne de ce qui se passait autrefois dans une vie étudiante classique ? Des expériences, diverses et variées, plus ou moins bonnes, plus ou moins décisives. Laissant à chacun et chacune la liberté de choisir sa propre sexualité future ?