Le trac. Rien de moins. Mes jambes tremblent sous le poids de mon stress. Je viens d’appuyer sur le bouton de la porte d’entrée de ce club libertin. C’est ma première fois, alors je me suis bien renseigné : ce soir, c’est soirée pluralité masculine et gangbang. Libertin dans l’âme, j’ai toujours rêvé de pousser la porte d’un club échangiste mais, que voulez-vous, quand on est timide…
Une charmante demoiselle ouvre la porte (moi qui m’attendais à un gros videur ultra-musclé…). Elle me souhaite le bonsoir, je bredouille, elle sourit, et me fait signe de rentrer. Direction : la caisse. Pas donné, soit dit en passant, mais il faut bien savoir ce que l’on veut dans la vie. J’ai pourtant déjà 27 ans, et j’ai l’impression d’être un puceau qui s’apprête à être déniaisé. C’est parti, je fais mon entrée dans le monde libertin…
Première soirée gangbang, premier chocPremière surprise : le club est bien plus petit que ce que j’imaginais. Deuxième surprise : il y a déjà du monde, et finalement, pas mal de couples et de femmes seules par rapport au nombre d’hommes. La plupart des couples sont accoudés au bar, sirotant un cocktail offert par la maison. Quelques hommes seuls les collent, d’un peu trop près, à mon avis.
Je passe le long du bar, et adresse un « bonsoir » collectif, d’une voix qui se veut sûre, virile mais pas trop conquérante non plus. J’adresse un regard à chacune des femmes, à chacun des maris et je continue mon chemin vers les canapés encore vide.
C’est ma première sortie gangbang, mais j’ai déjà pris quelques résolutions :
1/ me montrer, être présent, ne pas laisser à penser que je suis un novice tremblant, sans pour autant « me la jouer »
2/ ne pas être collant, tout en manifestant mon intérêt pour l’une ou l’autre de ces dames
3/ choisir une femme, ou un couple, maximum deux, pour ne pas passer
pour un mort-de-faim qui sauterait sur tout ce qui bouge, montrer à
madame que je la désire elle
4/ me montrer ouvert aux occasions qui pourraient se présenter
De ces quatre principes, je n’en renierais aujourd’hui aucun. La
soirée prend de l’ampleur. La piste de danse est pleine à craquer. Je me
mêle aux danseurs en essayant de ne pas passer pour un débile.
Déjà, une quinquagénaire sexy aux formes généreuses empruntent les escaliers qui montent aux coins-câlins avec son mari, suivie d’une ribambelle de mecs, langues pendantes : désolé de le dire, mais ils sont un peu pitoyables, à quémander comme ils le font leur moment de sexe.
De mon côté, j’ai en tête deux nanas :
– une rouquine quadragénaire, très fine, flanquée d’un mari toujours
souriant. Elle a l’air plutôt timide et, hormis sa tenue sexy en diable,
elle a l’air de tout sauf d’une libertine ;
– une trentenaire (peut-être même moins âgée) blonde, à la poitrine
opulente, que les quelques hommes qui n’ont pas suivi la quinqua à
l’étage harcèlent de leurs assiduités.
Un tabouret du bar s’est libéré, juste à côté de la rouquine de 40 ans et son mari. Je m’y installe, commande un verre et me tourne vers le couple « vous désirez quelque chose ? ». Ils me montrent leurs verres encore à moitié plein, dans un sourire. Nulle, mon entrée en matière. La seconde tentative sera pire encore : « vous venez souvent ici ? ». Banalités échangées, conversation sympathique mais sans grand intérêt – ni pour moi, ni pour eux – mais je sens que le « courant passe » comme on dit dans le milieu libertin. C’est aussi leur première soirée gangbang, eux qui sont à la base échangistes.
Et puis, au bout d’un quart d’heure, le couple a vidé son verre. Ils se lèvent et se dirigent vers les escaliers. J’attends un peu avant de les suivre. Et puis me voilà. Je les retrouve en train de se peloter l’un l’autre tout en matant la ronde quinqua aux prises avec trois mecs sélectionnés visiblement par son mari, qui surveille la bonne tenue des opérations.
Je tente ma chance : je pose une main caressante sur l’épaule de la rouquine. Elle se retourne, manifestement surprise. Elle me reconnaît, me sourit, puis tourne à nouveau la tête vers son mari et l’embrasse à pleine bouche. Elle se laisse faire, je continue à la caresser, doucement. Puis elle se retourne à nouveau vers moi, m’embrasse à mon tour et pose sa main sur mon entrejambe. Je bande déjà comme un dingue.
Manifestement déjà chaude comme la braise, la quadra s’abandonne alternativement dans mes bras et ceux de son mari. Attirés par notre manège, là, debout au milieu de la pièce, les célibataires accourent. Certains se font jeter, d’autres arrivent à se mêler à nos caresses. Petit incident : un homme, d’abord accepté, se fait éconduire assez durement pour avoir collé son doigt, sans prévenir, dans le sexe de madame (si je parle souvent du doigté nécessaire, c’est au sens figuré, messieurs !).
Finalement, le couple embarque six des prétendants de madame, dont moi, dans une pièce fermée. Au bout d’une vingtaine de minutes de gangbang, on frappe à la porte. C’est la jeune blonde, accompagnée de son mec et d’un jeune rebeu au visage d’ange : « on peut se joindre à vous ? ».
Ce que je ferais différemmentQu’elle a été belle, cette première soirée : neuf hommes, tous très respectueux des deux femmes et un vrai moment de plaisir partagé. Mais j’ai tout de même eu pas mal de chance ce soir-là. Si c’était à refaire, je ferais sûrement un peu différemment, même si je ne regrette rien.
D’abord, j’opterais sans doute, pour ma première sortie en club libertin, pour une soirée trio : quitte à payer un peu plus cher encore, j’ai été très gêné par la masse d’hommes seuls, pas toujours très malins.
Ensuite, j’éviterais les phrases toutes faites comme « vous venez souvent ? » et autres. Et puis, je le disais, j’ai eu de la chance. Car je suis tombé sur deux couples qui cherchaient vraiment de la pluralité masculine. Or, il n’est pas rare que des couples échangistes ou mélangistes se rendent à une soirée pluralité pour faire des rencontres entre couples (le tarif d’entrée pour les couples est souvent faible en soirée gang bang).
Ce que je ferais différemment aussi, c’est sans doute dans le cœur de l’action. Mais ça, j’en parlerai dans un autre article.