« A force de sortir presque tous les weekends, de rencontrer toujours de nouvelles têtes, de coquiner avec de nouveaux couples régulièrement, nous avions fini par nous perdre de vue ». Le constat de Jeanne et Thierry est sévère sur le tourbillon dans lequel ce couple libertin de la quarantaine s’est laissé prendre. « D’un commun accord, nous avons décidé de faire une pause, pour prendre le temps de nous retrouver, aussi bien sexuellement que sur le plan de la vie sociale ».
Jeanne et Thierry en étaient arrivés à ne presque plus faire l’amour ensemble, mais aussi à ne plus fréquenter que le milieu libertin. Le couple, après 3 ans de libertinage intense, décide de faire une pause : « nous n’avons jamais dit que nous arrêtions. Nous avons gardé contact avec nos amis libertins les plus proches et nous nous sommes remis à sortir, au ciné, au resto, chez des amis verticaux. Ce que nous n’avions plus le temps de faire, entre nos obligations professionnelles, les enfants et nos sorties libertines ».
Libertinage : de la nécessité de faire une pauseFamille, travail, vie sociale : il est parfois nécessaire de faire une pause dans sa vie libertine. Mais n’existe-t-il pas une accoutumance au libertinage ? Un manque ne se fait-il pas ressentir ?
Pour Béatrice et Franck, c’est libertins un jour, libertins toujours : « après la naissance de notre premier enfant, nous avons fait une pause. Nous n’avions vraiment pas la tête au libertinage. Nous avons fait une pause, de fait. C’est le genre d’événements qui déplace considérablement les centres d’intérêt d’un couple (rires). Non, il n’y a pas de manque, d’autant moins que nous savions que nous reprendrions le libertinage un jour. »
La question du manque n’est pas si évidente pour Jeanne : « nous sommes passés de tout à rien. Alors, sans parler de manque, je dirais qu’il ne s’est pas passé une semaine sans que nous parlions de retourner en club. Mais quel bonheur ça a été de faire l’amour ensemble, tous les deux, de reprendre nos sorties culturelles ensemble… Cette pause était nécessaire. Depuis nous n’envisageons plus le libertinage comme avant ».
Après la pause, la repriseAprès une pause de près d’un an, Jeanne et Thierry retournent en club : « on ne voyait plus les choses comme avant. Nous avons limité nos sorties libertines, en cherchant à organiser une certaine rareté. Et c’est là que nous nous sommes rendus compte à quel point la pause avait été salvatrice. Nous avons repris goût aux aventures libertines, dans le sens plein du terme. Nous avons retrouvé le frisson de nos débuts, chaque sortie est un événement. »
Franck a profité de cette interruption un peu forcée de la vie libertine du couple pour se poser quelques questions : « il n’y a rien à faire. Quand nous sommes devenus libertins, nous le sommes devenus pour toujours. C’est quelque chose qui est ancré dans notre vie de couple. Sans rien faire de libertin, nous restions libertins, au plus profond de nous. Et c’est quelque chose qui, moi, m’amène beaucoup de sérénité. J’aime ma femme, mais je savais qu’un jour je retrouverais le plaisir du premier baiser, des premières caresses avec une autre femme. Quand on est libertins, même si on ne pratique plus, on sait que l’horizon érotique est ouvert. »
Et puis, il y a ceux qui ne reprennent jamais, après la pause. C’est le cas de Denise et Jean, la cinquantaine : « il était temps pour nous de faire une pause. Le libertinage était devenu une routine. Après deux ans, nous sommes retournés dans un sauna mixte, mais nous n’avions plus réellement envie. Mais nous ne regrettons pas cette période de libertinage : ça a renforcé nos liens de couple, autant sur le plan érotique que sur tout le reste. Nous parlons plus ensemble maintenant qu’avant de devenir libertins. Sans dire que le libertinage a sauvé notre couple (il n’était pas en danger, de toute façon), ça l’a revivifié. Aujourd’hui, quand on croise quelqu’un qui nous plait, à l’un ou à l’autre, dans la rue, on peut s’en parler avec le sourire. Nous sommes plus complices que la plupart des couples de nos âges. »
Jeanne et Thierry, comme Béatrice et Franck, ne regrettent ni d’avoir fait une pause, ni d’avoir repris une vie libertine : « le libertinage n’est pas une drogue. A moins que tout le monde ne soit addict à l’eau ou à l’air qu’on respire. Le libertinage, dans le sens où nous voyons la vie d’une façon libertine, c’est notre oxygène, à tous les deux ».